jeudi 22 novembre 2012

Little Nemo in Slumberland


La modernité. Chaque mouvement artistique possède sa propre modernité, son moment où la norme se renverse. La forme éclate. Le contenu se tord. C'est l'avant-garde, qu'elle soit littéraire, cinématographique, picturale, etc. 

Aujourd'hui je parle de modernité et de tradition de... la bande dessinée (oh surprise!).

Le monde contemporain est fasciné (encore et toujours) par les différentes modernités, on parle de postmodernité, d'hypermodernité, de postexostisme, etc. La contemporanéité aux dépends de la tradition, et des classiques. 

Et si la modernité provenait du classique?


Windsor McCay. Le père de la Personality Animation et le créateur de la bande dessinée Little Nemo in Slumberland de 1905 à 1914. 

Little Nemo in Slumberland est créé au tout début du XXe siècle, alors même que le paysage bédéistique est presque désertique (puisque nouveau) ou sinon occupé par une production des «comics» américains. Cette oeuvre dessinée marque les débuts du neuvième art et est érigée et reconnue comme classique fondateur, ou oeuvre pionnière de la bande dessinée. 


Un classique peu classique? En effet, je manque de mots pour décrire la virtuosité de Windsor McCay. Il est rare qu'une oeuvre (presque) fondatrice arrive à saisir d'emblée toute la complexité de son art. Et pourtant, Little Nemo reste une oeuvre inégalée.

Avant de rédiger ce post, j'ai lu l'intégrale et un larme est venu se pointer, une larme d'admiration : je suis pantoise devant cette bande dessinée.

Pourquoi? Je ne suis pas de celles qui croient au «génie» de l'artiste et c'est pourquoi je compte bien vous expliquer en quoi j'ose proclamer cette bande dessinée chef d'oeuvre. 

- UNE OEUVRE, UN HÉRITAGE POUR LA MODERNITÉ
Certains artistes (qui feront en quelque sorte avant-garde en leur genre) très connus ont aussi été inspirés par Little Nemo, notamment Georges Mélies (dont l'illustration du dessous saura vous éclairer) ainsi que le réalisateur japonais d'animation, Hayao Miyazaki. 


- L'EXPLOITATION FORMELLE, UN JEU SUR LA CONTRAINTE
Il utilise le plein potentiel formel des planches, en jouant avec la forme des cases, les effets tabulaires et les chutes entre les cases. La contrainte est simple : un petit garçon, Nemo, s'endort et rêve, chaque planche se termine avec le réveil plus ou moins brutal de ce dernier. Les univers sont complètements fantaisistes, le réalisme est mis de côté au profit de formes qui se moulent à l'irrationalité des rêves, voir la folie de ceux-ci. 

- LA COULEUR, UNE LUXURE, UN MONDE IMAGINAIRE
Sans compter la couleur, chaque planche est finement décorée, et la couleur devient luxure, c'est magnifique. Il faut mettre en situation : les planches de Némo sont très grandes et dès qu'on ouvre le livre, l'oeil est capté par des éclats de couleurs, toujours harmonieuse, les palettes sont si bien harmonisée qu'il me semble en voir briller les planches...


-TOMBER EN ENFANCE, OU LE REGARD FREUDIEN
Ces courts récits sont simples, un rêve, un éveil. Or, McCay tire les ficelles du rêve de sorte à faire correspondre la forme des planches avec une forme aussi peu concise et aussi irrationnelle qu'est la forme des rêves. D'ailleurs, ces rêves, où chaque objet de la réalité se transforme, s'étire, se mute en quelque chose de fou parfois d'inquiétant. La folie, l'imagination, l'entrée dans la fiction, les associations d'idées, il y a énormément de matière en ce qui a trait au contenu de cette bande dessinée.


Les images ont été tirées d'un exemplaire de l'intégrale en traduction française de Little Nemo, de 1905 à 1914. Vous pouvez jeter un coup d'oeil ici pour avoir des exemplaires, mais sortez votre argent puisque du à la beauté, à l'histoire et à la grandeur de cette oeuvre qui est pratiquement oeuvre de collection, les prix sont assez élevés!

J'espère que ces couleurs luxuriantes vous ferons rêver autant que moi!

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